Coline HEHN – Doctorante et membre de la fédération française des diabétiques.
Quel est l’objectif de votre intervention dans le cadre du Mois de la Santé ?
L’objectif principal est de sensibiliser les personnes qui ne sont pas familières avec le diabète ou qui n’ont pas connaissance de cette maladie chronique, malgré le fait que 6% de la population française en soit atteinte, que ce soit du type 1 ou du type 2. Pour ce faire, nous prévoyons d’organiser une table ronde rassemblant un psychologue, une personne vivant avec le diabète et un médecin spécialisé dans le diabète. Cette triade nous permettra d’aborder tous les aspects du diabète, notamment la prise en charge et les traitements. Nous visons également à nous rapprocher au maximum de la population de Metz, en nous rendant dans les quartiers pour sensibiliser et rendre plus accessible la compréhension du diabète. Notre objectif est également de réduire la stigmatisation associée à cette maladie au sein de cette population.
Est-ce que les patients diabétiques parviennent à accepter leur condition ?
Il peut être difficile pour une personne de faire face à cette pathologie, car le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas. Bien qu’elle puisse être traitée, la guérison totale n’est pas encore une réalité. Être atteint de cette maladie chronique implique de prendre un traitement quotidien, de suivre des recommandations de santé régulières et d’ajuster son quotidien en conséquence. Cette période d’adaptation est essentielle et peut être très longue, variant selon les individus et leurs ressources psychologiques. Les personnes atteintes de diabète sont contraintes de coexister avec cette pathologie, car elle fait partie intégrante de leur vie quotidienne. C’est pourquoi un suivi régulier avec des psychiatres, des psychologues ou d’autres praticiens est crucial.
Quels sont les principaux défis auxquels les personnes atteintes de diabète font face dans leur vie ?
Premièrement, il y a le défi de faire face à la maladie et à ses répercussions. En ce qui concerne ces dernières, nous observons une multitude de défis, tant sur le plan psychologique, avec une prévalence accrue de troubles dépressifs, d’anxiété et de troubles du comportement alimentaire, que sur le plan physique. Les conséquences physiques peuvent affecter différentes parties du corps, telles que les yeux et les pieds.
Au quotidien, il peut être difficile de suivre les recommandations de santé, notamment celles émises par les autorités compétentes, qui peuvent être assez strictes. Cela concerne particulièrement les aspects liés à l’alimentation ainsi que la nécessité de suivre un traitement quotidien, qu’il s’agisse d’injections ou de médicaments.
Il existe également des défis liés à la stigmatisation associée aux dispositifs médicaux surtout chez les enfants qui doivent les porter toute la journée. Par ailleurs, des défis d’ordre législatif se posent, notamment en ce qui concerne les restrictions professionnelles imposées aux personnes diabétiques, comme l’interdiction d’exercer certains métiers. En outre, il existe des restrictions également en matière d’assurance emprunteur qui peuvent également constituer un défi supplémentaire pour ces individus.
De plus, considérez-vous qu’il y ait une communication adéquate sur le diabète dans le cadre du cursus scolaire ?
Malheureusement, ce n’est pas suffisant, malgré les 4 millions de personnes atteintes de diabète en France. Au niveau de la Fédération Française des Diabétiques, nous déployons des efforts en organisant la Semaine Nationale de Prévention, qui se tient en juin, ainsi que lors de la Journée Mondiale du Diabète. Cependant, il est nécessaire de continuer à sensibiliser la population à cette maladie chronique à travers différentes campagnes de prévention. .
Avez-vous remarqué des améliorations dans la prise en charge des patients, notamment sur le plan psychologique ?
Nous observons actuellement des avancées dans les traitements, notamment avec l’émergence de dispositifs médicaux de plus en plus performants qui contribuent à alléger la charge mentale associée à la gestion des médicaments et des traitements. Ainsi, les dispositifs médicaux évoluent vers une libération mentale progressive.
Vous avez mentionné la thérapie ACT (Acceptance and Commitment Therapy) dans le cadre de votre thèse en psychologie de la santé. Pouvez-vous expliquer en quoi elle consiste ?
Je travaille actuellement avec la thérapie ACT (Acceptance and Commitment Therapy), qui = vise à renforcer la flexibilité psychologique des individus. Cette approche repose sur six axes principaux, comme l’identification des valeurs personnelles ou encore l’engagement dans des actions alignées avec ces valeurs. Je travaille en collaboration avec des psychiatres, des pharmaciens, des psychologues, des cardiologues et des diététiciens. Nous avons réalisé des vidéos expliquant ces différents processus, adaptés spécifiquement au contexte du diabète, que nous avons proposées trois fois par semaine pendant six semaines aux patients inscrits au programme réalisé au sein de ma thèse. Les participants ont visionné ces vidéos et ont rempli un questionnaire avant et après le programme en ligne. Nous sommes actuellement en train de réaliser les analyses pour évaluer la flexibilité psychologique des patients. Bien que les résultats ne soient pas encore définitifs, nous observons une amélioration potentielle de la qualité de vie grâce à des scores significativement meilleurs pour la flexibilité psychologique.
Orientation de l’accompagnement : Quelle direction prendre ?
Plusieurs types d’accompagnement sont possibles pour les personnes vivant avec un diabète :
- L’éducation thérapeutique du patient (ETP) consiste à aider les patients à apprendre à gérer leur vie avec la pathologie avec le soutien de divers professionnels de la santé tels que des diabétologues, des psychologues ou encore pharmaciens. L’objectif de l’ETP est de donner des clés de compréhension aux patients ainsi que les aider à s’adapter à la maladie.
- Les patients bénévoles experts (BPE),qui vivent avec la maladie depuis plusieurs années, possèdent des compétences et une compréhension approfondie de leur condition, leur permettant d’orienter et accompagner les nouveaux patients. Les pairs permettent de se sentir moins seul face à la pathologie et de parler avec quelqu’un qui est passé par les mêmes étapes.
- La ligne d’écoute solidaire de la Fédération Française du Diabète, tenue notamment par des patients bénévoles experts, est disponible de 10h à 20h tous les jours. Elle offre une oreille attentive et répond aux besoins des appelants.
D’autres initiatives existent actuellement en France, notamment celles mises en place par les Associations Fédérées (AF) locales de la Fédération Française des Diabétiques. Elles sont d’ailleurs les premières interlocutrices avec les patients ou les proches et il ne faut pas hésiter à les contacter pour avoir plus d’informations. Pour des questions plutôt générales ou connaître l’actualité du diabète, le site de la Fédération Française des Diabétiques est une première étape dans l’accompagnement des patients.